Analyses et propositions de l’Unsfa pour une Architecture et un cadre de vie durables


Le constat du secteur du bâtiment

1.1. Le secteur de la construction et du cadre de vie est de loin le plus important des secteurs d’activités : 

100  milliard d’euros/an, 140 milliards avec les travaux publics : à lui seul il équivaut aux secteurs :

Automobile + équipement mécanique + appareils domestiques ou encore aux secteurs :

Aéronautique + sidérurgie + industrie pharmaceutique + matériel d’armement.

1.2. Le cadre de vies est le domaine qui a le plus fort impact social, environnemental, économique et culturel sur l’ensemble de nos concitoyens.

Son impact économique, social, environnemental, est évident ; Mais son impact culturel est également considérable car l’aménagement, le paysage, l’architecture sont des facteurs déterminants de la qualité du cadre de vie.

L’architecture abrite l’activité humaine, l’habitat, le travail, les loisirs etc… Elle constitue notre patrimoine commun. Elle est la marque de nos civilisations.

1.3. Le patrimoine construit français est responsable de bien des maux

Est-ce parce que l’ensemble des nombreuses professions qui composent le secteur de la construction et du cadre de vie ne savent pas ou plutôt ne veulent pas le valoriser ensemble ?

Est-ce parce que le Président de la République et le gouvernement n’ont pas encore bien évalué les prodigieuses économies que la nation pourrait tirer d’un tel secteur tout en contribuant à résorber certains problèmes majeurs de la société ?

Toujours est-il que, faute de volonté commune partagée et de moyens adaptés, ce principal vecteur de l’économie française et de la cohésion sociale affiche, depuis des décennies, des défauts majeurs :

-         Les constructions consomment 50% de l’énergie nationale,

-         Elles contribuent pour 28% des émissions de Co2,

-         Le « mal vivre » de certains ensembles urbains (grands ou petits) est évident,

-         Les bâtiments malsains engendrent de graves problèmes de santé pour les victimes (amiante, plomb, COV, mauvaise qualité de l’air ) et de s dépenses vertigineuses pour la sécurité sociale)

Peut-être à la veille du troisième choc pétrolier, à l’heure ou les besoins d’aménagement, de renouvellement urbain et de construction sont en forte augmentation pour résorber les retards accumulés, la France n’a plus le droit à l’erreur.

Nous devons cesser de vivre à crédit aux frais des générations futures.

Les solutions architecturales et techniques sont connues et maitrisées mais il faut rester vigilant sur les coûts : pourquoi le m2 de toiture végétale ou de capteur solaire est il beaucoup plus cher en France qu’ailleurs ?

Il nous faut apprendre à financer les investissements qui produisent de l’économie durable (les pays voisins ont su mettre en place le raisonnement en « coût global » pour financer ce que les français s’obstinent à qualifier de surcoût)

1.4. Le cout de la non-qualité de la construction est estimé à 10 % du chiffre d’affaires du secteur.

Privés des justes moyens, les acteurs de la construction, malgré leurs efforts, ne peuvent atteindre le  ""zéro défaut" et la non-qualité coûte très cher :

-         10 milliard d’euros HT/an soit environ 10 % du chiffre d’affaire de la construction ;

-         7 milliards d’euros HT/an pour l’assurance dommage-ouvrage et les expertises qu’elle entraine.

La préoccupation de tous, à commencer par l’Etat, doit être de réduire cet énorme gaspillage annuel qui se répercute sur les budgets de chacun ( impôts, assurances, …)

1.5. Personne n’a jamais chiffré le coût du "mal vivre"

L a France commence çà peine à prendre conscience de l’enjeu. Les économies attendues sont énormes.

Pratiquement tous les ministères sont concernés (budget, logement, équipement, transport, justice, santé, intérieur, etc…) ils doivent ensemble évaluer les économies réalisables grâce à de meilleurs choix d’investissement ?

Le raisonnement en "coût global" devrait faire l’objet d’une formation obligatoire auprès de tout responsable politique ;

Mal concevoir une ville, mal penser des équipements, rejeter les moins fortunés à la périphérie des agglomérations sous prétexte que le foncier y est moins cher, engendre du mal vivre et des coûts exorbitants pour la collectivité (infrastructure, équipements…) et la planète.

« En fait, il s’agit de raisonner, non plus seulement sur les coûts ou la valeur patrimoniale des bâtiments, mais d’avoir beaucoup plus à l’esprit, au cours du processus de décision, l’idée de la valeur de ce qu’ils abriteront pendant leur durée de vie :

-         des hommes et des femmes dans leur façon d’habiter, dans leurs activités et leurs conditions de travail,

-         mais également, des ensembles de biens corporels et incorporels, parmi lesquels des patrimoines culturels, des matériels ou des équipements parfois coûteux

… En effet, c’est depuis quelques années seulement qu’est apparue la notion de  "syndrome du bâtiment malsain", d’abord aux Etats-Unis, puis progressivement en Europe. Les quelques éléments développés ci-après donnent  quelques éclairages à ce sujet :

-         2 % de baisse de productivité due au SBS (sick building syndrome) , correspondant par exemple à un coût annuel de 9 milliards de dollars pour l’Etat de Californie.

-         250 milliards de dollars par an pouvant résulter de l’amélioration de la qualité de l’air intérieur des bâtiments tertiaires aux Etats-Unis…

1.8. Il est donc urgent d’améliorer le système de production du cadre bâti

Notre système de production est largement perfectible.

Qui est responsable, qui est coupable de cet état de fait ?

Les acteurs sont parfois montrés du doigt. Et pourtant ces derniers démontrent, à chaque fois qu’ils sont placés rn situation de bien faire, qu’ils sont excellents. Mais ces occasions sont malheureusement bien rares ! Pourquoi ? Parce que depuis des décennies, nous nous sommes laissé engluer par toutes sortes de réglementations et pratiques obsolètes.

Les acteurs de la construction et du cadre de vie sont-ils condamnables ?

Non, les concepteurs conçoivent en fonction des piètres moyens accordés (temps d’études réduits, honoraires insuffisants) et les entrepreneurs construisent en fonction du budget alloué.

On serait alors tenté d’incriminer les maitres de l’ouvrage (publics ou privés) mais on aurait tort ; ils "font avec" la solvabilité du locataire ou de l’acquéreur ou de la collectivité et n’ont aucun pouvoir sur cette dernière.

Notre retard en matière de développement durable s’explique donc tout simplement par l’ineptie de nos modes de financement : notre incapacité chronique à ne pas raisonner en "économie globale ".

C’est la raison pour laquelle la France est pratiquement le seul pays à parler de surcoût environnemental. Ailleurs, on a parfaitement compris qu’investir en amont dans la qualité engendre durablement de l’économie pour tous.

Est-ce notre système législatif à courte échéance (tous les 5 ans) qui interdit toute vision à long terme ?

CHAPITRE II

Des mesures en rupture avec les pratiques actuelles

Le coût des énergies non renouvelables face à l’explosion démographique de la Chine et de l’Inde :

L’énergie  fossile, en voie d’épuisement est désormais un produit de luxe, enjeu de tensions et de conflits. L’homme, en trois cents ans, aura consommé toutes les ressources fossiles que la planète a produites en quelques centaines de millions d’années.

20 % de la population actuelle consomme 80 % des ressources fossiles.

Sur le 6.1 Ghab de la planète, 2 Ghab n’ont pas l’électricité ; la population mondiale va doubler dans les 10 à 15 prochaines années, 2/3 seront des citadins.

Il y a actuellement 700 voitures pour 1000 habitants aux USA et 7 voitures pour mille habitants en chine. Au rythme de croissance actuel, la Chine, l’Inde vont tendre vers le même niveau de confort, mais il n y a pas les ressources naturelles ni pour construire environ un milliard de voitures ni pour les alimenter (tant que de nouvelles technologie ne seront pas développées).

Le réchauffement climatique semble, en partie tout au moins, dû aux activités humaines. Une élévation de température comprise entre 1.6 et 6°C est attendue pour la fin du siècle ; l’élévation du niveau de la mer, principalement dû à la dilatation de l’eau submergera alors de nombreuses régions et îles.

Les pays occidentaux, jusqu’ici relativement préservés, sont confrontés à de nouveaux problèmes : Le vieillissement de la population, l’augmentation de la pauvreté, le chômage des jeunes, la rareté de l’eau, la dégradation de la qualité de l’air, etc.

Leurs conséquences directes (maladie, décès) ou indirectes (mal vivre : absentéisme, déprime, suicide) sont difficiles à chiffrer mais peuvent s’évaluer en dizaines voire en centaines de milliards d’euros par an.

L’affichage énergétique :

Ce nouvel indicateur conduit à l’affichage de la performance des logements (classe A et G) en kWh/m2/an et en émission de CO2 aura l’impact qu’il mérite dès lors que chacun aura compris qu’il est un élément déterminant pour fixer la valeur d’un bien immobilier. Cela suppose que l’on puisse accorder foi aux diagnostics de performances énergétiques (DPE) : il est urgent d’y mettre bon ordre en s’assurant du professionnalisme de ceux qui l’établissent.

LE LABEL  EFFINERGIE:

Grâce à quelques régions leader, la voie de la modernité durable est ouverte avec le label EFFINERGIE. Ce label est à généraliser dans les meilleurs délais car son obtention exige au préalable l’excellence de tous les acteurs et plus particulièrement celle des architectes. C’est sur ces derniers en association avec les autres acteurs de la maîtrise d’œuvre que repose en effet la performance durable des projets.

DEPUIS QUELQUES TEMPS, LES ALERTES ET PROPOSITIONS SE  MULTIPLIENT :

Un nombre important de rapports constitue autant de signaux d’alerte et de propositions ; elles confortent les analyses et propositions que l’Unfsa formule régulièrement dans sa revue PASSION ARCHITECTURE.

-         "Les politiques de l’urbanisme et de l’habitat face aux changements climatiques" / Rapport De Viguerie du Conseil économique et social (2006)

-         "Le logement de demain, pour une meilleure qualité de vie" / rapport Felzine du Conseil économique et social (2005)

-         Plan national pour des achats publics durables

-         Métiers de l’architecture et du cadre de vie : les architectes en péril / Y.Dauge commission des affaires culturelles du Sénat (nov.2004)

-         La qualité du logement neuf : diagnostic et propositions / FNSCHIm + Unsfa (oct.2006)

-         Ouvrages publics et coût global / Miqcp, Mission interministérielle pour la qualité des constructions publiques (2006)

-         Le livre blanc des architectes / Ordre des architectes, Unsfa et SA (2004)

CHAPITRE III    LES PROPOSTIONS DE L’UNFSA

Pour " Faire de la France, d’ici 2009, l’un des pays de l’Union européenne le plus engagé dans la mise en œuvre du développement durable ! , il est urgent de passer de l’incantatoire aux actes :

 

IL FAUT REPENSER TOUT LE SYSTEME DE PRODUCTION DU CADRE DE VIE A L’AUNE DU "DEVELOPPEMENT DURABLE "

Les choix en matière d’aménagement et de construction engagent l’avenir sur des siècles. Or, trop souvent, les décisions sont prises à court terme et dans l’urgence.

En édictant les réglementations et les mécanismes de financement, l’Etat, les collectivités locales jouent un rôle primordial en matière de construction et de cadre de vie ; ils rendent possible, freinent ou interdisent l’application du développement durable

Pour mettre les acteurs en position de progresser et de produire de façon durable des bâtiments sains, économes et respectueux de l’environnement, il faut à minima :

-         rompre avec les pratiques comptables obsolètes qui privilégient systématiquement l’investissement minimal sans se soucier des conséquences.

-         Raisonner en économie globale en investissant mieux dans la matière grise (programmation et conception), dans la qualité des travaux et dans la gestion du patrimoine bâti.

-         Revisiter l’arsenal réglementaire,

-         Investir massivement dans la recherche et l’innovation

-         Apprendre au politique et au citoyen à conjuguer les quatre volets du développement durable : le social, l’économie, l’environnement et le culturel car tous nos actes marquent durablement le territoire.

3.1. SYSTEMATISER LE RAISONNEMENT EN ECONOMIES GLOBALES

Le seul moyen pour réhabiliter ou réaliser des constructions saines, durables et économes sur toute leur durée de vie, est de bien investir en amont : programmation, conception, réalisation. Les chiffres ci-dessous le démontrent :

-         La répartition moyenne sur 50 ans des coûts d’un bâtiment d’habitation est de : 3 % pour le montage, 2 % pour la conception, 20 % pour les travaux de construction, 75 % pour l’entretien, l’exploitation et la maintenance. (source APOGEE) ;

-         Les choix opérés à l’issue des études de conception engagent 90 % du coût global, alors que seulement 10 % des dépenses d’investissement         (hors charge foncière) sont elles même engagées (source Miqcp)

Certains pays l’ont compris depuis longtemps, d’où leur avance : en Allemagne ou en Suisse, où la qualité des constructions est excellente parce que l’investissement est d’emblée à la hauteur des exigences,

Qui n’a jamais vécu ou entendu ce dialogue ubuesque et bien français : (bien sûr, toute ressemblance avec des professionnels ayant existe serait purement fortuite…)

-         Le maître d’ouvrage : "c’est bien votre HQE (haute qualité environnementale), mais on ne peut pas la faire parce que le surcoût est trop important"

-         L’architecte : surcoût par rapport à quoi ? par rapport à un budget de construction délibérément bridé ?     d’importantes économies en découleront pendant toute la durée de vie du bâtiment, c’est donc une très grosse économie globale"

-         Le maître d’ouvrage : "sans doute mais je ne sais pas faire, je dois respecter mes ratios de financement, c’est un autre service qui s’occupe de la gestion"

-         L’architecte : "ne pourrait-on pas pour une fois, essayer de raisonner en économie globale ?"

-         Le maître d’ouvrage : "Soyez gentils, faites moi un projet "classique ", pas cher et vite, comme cela le maire sera content et on aura d’autres terrains".

Et c’est en partie pour cela, qu’en France, on est en train de démolir 200 000 logements sociaux obsolètes alors qu’ils n’ont même pas 30 ans !

Créer un cadre de vie de qualité dans une perspective de développement durable est possible à condition que le pouvoir politique se décide à raisonner en économie globale lorsqu’il fixe les conditions pour planifier, financer et concevoir tous les éléments constituant ce cadre de vie.

Cette" économie globale" doit être analysée dans toutes ses composantes qui interférent évidemment les unes sur les autres :

-         le volet environnemental d’intérêt collectif au niveau de la planète,

-         l’urbanisme et le foncier, au niveau du territoire,

-         l’impact économique et culturel de nos aménagements et de nos constructions : à analyser sur tout le cycle de vie jusqu’à la démolition,

-         le coût du mal-vivre, qui peut être le fruit empoisonné des économies mal placées dans les trois premières composantes évoquées ci-dessus, alors que de très sérieuses études démontrent les avantages d’un bon environnement pour bien vivre en société, y compris pour la productivité du travail.

La France s’est enfin dotée d’un grand ministère de l’écologie, du développement et de l’aménagement du cadre de vie. A charge pour ce dernier de prendre des mesures qui permettront à la France de rattraper son retard.

3.4. AGIR MASSIVEMENT SUR LE PATRIMOINE EXISTANT

L e récent appel à projet de la FONDATION BATIMENT ENERGIE  s’attaque à la requalification des maisons construites avant 1975. L’enjeu est de taille : 13,7 millions de maisons qui, avec l’envolée inéluctable du prix de l’énergie risquent fort de ne plus être économiquement "chauffable". L’enjeu est considérable car ceux qui habitent ces maisons ne sont pas les plus fortunés ; c’est l’occasion de requalifier durablement un habitat inadapté.

Il reste à mener une action vigoureuse de réhabilitation thermique et architecturale des immeubles collectifs.

Les objectifs de performance doivent être renforcés.

Il convient de systématiser le diagnostic sérieux, établi par des hommes de l’art qualifiés et indépendants. Ce diagnostic ne saurait se cantonner à la thermique puisque l’enjeu est également celui d’une requalification architecturale. Des dispositions bioclimatiques doivent pouvoir être proposés. La valeur d’usage doit être repensée car ces habitats ont été conçus il y a plusieurs décennies et ne sont souvent plus adaptés aux modes de vie actuels. La vision globale de l’architecte répond à l’objectif de diagnostic élargi.

L’intervention des architectes est donc absolument nécessaire.

L’ambition d’isolation doit être élevée : lorsqu’il est possible d’isoler par l’extérieur, il faut envisager une isolation conséquente : le surcoût pour passer de 10 cm à 20 cm ou 25 cm d’isolant est relativement faible. Il s’agit de s’approcher de la classe A tout de suite : on ne va pas réhabiliter ces maisons tous les dix ans…

3.5. ENCOURAGER LA PERFORMANCE THERMIQUE ET L’USAGE DES ENERGIES RENOUVELABLES.

Nous saluons l’initiative prise par les régions : Alsace, Franche-Comté, Languedoc Roussillon en créant EFFINERGIE pour introduire en France l’équivalent des labels suisse (MINERGIE) ou allemand (PASSIVHAUS). C’est important de le souligner : l’impulsion ne vient plus d’en haut mais des territoires.

Nous saluons l’initiative européenne sur l’affichage énergétique, le locataire ou le propriétaire va désormais connaître précisément le niveau de performance de son logement.

Ainsi il aura fallu la dynamique des régions et l’impulsion européenne pour faire évoluer les mentalités.

3.6. REVISITER LA REGLEMENTATION

3.8. FINANCER LES INVESTISSEMENTS"DEVELOPPEMENT DURABLE"

Mobiliser le milieu bancaire et celui de l’assurance, développer les solutions pour financer la qualité du premier coup.

Prendre en compte la performance (classa A) dés lors qu’elle est génératrice d’économie dés la première année.

Ne vaut-il pas mieux financer une construction avec une architecture de qualité (donc une valeur patrimoniale plus grande), de bonnes performances (d’où des économies de charge chaque année) et d’éviter ainsi le surendettement tout en ménageant la planète ?

Il en va de même pour la réhabilitation et notamment celle des 13,7 millions de maisons "passoires thermique" réalisées avant 1975.

3.9. AUGMENTER LA QUALITE ARCHITECTURALE EN ANCOURAGEANT LE RECOURS A L’ARCHITECTE.

L a conception architecturale c’est la recherche d’équilibre entre des contraintes et pas seulement des valeurs "d’apparence" : le plan de masse et l’orientation, les rapports entre surface des ouvertures, optimisation thermique et qualités des relations intérieur/extérieur… L’architecture est une vision globale qui vise la satisfaction de l’habitant dans son mode de vie, la durabilité du patrimoine, la valeur de l’usage, la contribution à la qualité du quartier…

Quand on sait (voir paragraphe 3.1 ci-avant)

-         que les études de conception représentent moins de 2% du coût globale (réalisation + exploitation) et que les choix de conception engagent plus de 90% de ce coût global (voir3.1 ci-avant),

-         que de meilleures études peuvent engendrer des économies très importantes (la marge disponible est considérable, supérieur à 20%) sur l’entretien, l’exploitation et la maintenance,

On en déduit que l’effort de tous doit porter sur les premières actions de programmation et de conception et que le surcoût momentané qui en résulte sera largement compensé par les économies réalisés au cours des premières années d’utilisation des équipements et bâtiments.

Au-delà, le bénéfice sera total : les usagers en seront directement bénéficiaires, et en plus, nous aurons préservés nos richesses naturelles.

On comprend que majorer significativement le coût des études sera toujours très largement bénéficiaire pour le maître d’ouvrage et la collectivité.

En construction neuve, comme en réhabilitation, la première source dépend de la qualité du travail de l’architecte.

Concernant la qualité des maisons individuelles : de grands progrès restent à réaliser ; C’est pourquoi l’Unfsa et la CAPEB ont signé au congrées de Paris en octobre 2005 un plan d’action avec AFAQ/FNOR et CEQUAMI pour les maisons élaborées par le binôme ARCHITECTE-ARTISANS  dans le cadre d’un référentiel ad’ hoc bénéficient de la marque NF MI architecte-artisan. 

3.10. DOPER LA RECHERCHE ET L’EXPERIMENTATION POUR MODERNISER LE SECTEUR DE LA CONSTRUCTION

Exploiter le potentiel de la construction avec des produits industrialisés : "la filière sèche".

Il est temps de sortir le bâtiment de "l’âge de pierre" en se tournant vers des modes de conception et de réalisation porteurs de grands progrès. N’excluant aucun matériau, acier, béton, bois, la filière sèche vise à rapprocher concepteurs, industriels et entreprises pour réaliser des projets "sur mesure".

Concevoir, expérimenter et construire des bâtiments à énergie positive.

Conclusion

Ce que nos concitoyens ne pardonneront pas demain à l’état et aux élus, c’est qu’ils laissent construire ou réhabiliter des bâtiments dont le coût d’usage des éléments de confort (chauffage, eau chaude, équipements divers, éclairage, etc.) leur deviendra inaccessible, puisque le prix de l’énergie va continuer d’augmenter rapidement (notamment du fait de l’essor des pays les plus peuplés).

En matière de qualité de production du cadre bâti, la France peut rattraper son retard à condition que :

-         le politique se décide à raisonner en "économie global ", c’est à dire qu’il faut analyser en même temps les coûts d’investissements et les coûts à venir sur une durée significative, afin de pouvoir compléter l’investissement initial de chaque opération, d’une fraction des économies ultérieures engendrées par une réalisation plus performante, d’une meilleure qualité globale.

-         Les élus organisent la réflexion au plan local pour systématiser des PLU (Plans Locaux d’Urbanisme)  empreints de développement durable,

-         Les citoyens expriment une plus grande exigence en matière d’architecture et de cadre de vie,

-         Les nombreuses "professions du cadre de vie", cessant de prêcher chacune pour leur paroisse, osent revendiquer ensemble les mesures et les justes moyens permettant d’offrir aux citoyens et aux générations futures un cadre de vie de qualité, facteur de paix sociale et d’économies tant pour le contribuable que pour la planète.

-         Les acteurs majeurs (maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre, entrepreneurs) soient placés en situation de bien faire.

Le marché du développement durable sera le "marché du siècle" : il permet un fantastique développement économique, social, environnemental, culturel tout en générant des économies durables pour tous.

Il faut changer nos pratiques pour concevoir et réhabiliter des bâtiments à haute performance thermique et environnementale, investir, comme nos voisins, dans la qualité plurielle : qualité de programmation, qualité de conception, qualité de réalisation et qualité de gestion.

La stratégie "gagnant-gagnant" est possible :

-l’investisseur verra son patrimoine revalorisé,

-l’utilisateur verra ses charges diminuées,

-la planète sera davantage épargnée,

-et la France pourra respecter le protocole de Kyoto.

Cela fait quatre gagnants, il est temps d’adopter les bonnes mesures pour que ces objectifs puissent être atteints.